Une association « 101st Airborne Belgian Friendly » existant depuis 1973 a vu naître l’organisation d’une marche en souvenir d’une unité oubliée de la bataille des Ardennes: la 17th Airborne Division.

Lynn Aas, vétéran américain de 96 ans contemple un vitrail réalisé après 1945 représente l’emblème de la 17th Airborne Division qui a combattu dans la région.

Le bois de la paix, sur les hauteurs de Bastogne. 4.000 arbres plantés en hommage aux combattants et civils belges et alliés, qui ont combattu lors de la Bataille des Ardennes, et disposés de façon à faire apparaître sur le sol, vu du ciel, le sigle de l’UNICEF. L’œil vif et le pied sûr, c’est vers ce sobre décor que s’avancent quelques vétérans américains. Du haut de leurs 90 ans, ces vétérans américains affrontent bravement le froid et la brise glaciale en ce jour commémoratif. Des conditions climatiques qui les plongent 70 ans en arrière. Le moment est empreint d’émotion pour ces hommes devenus si fragiles. C’est la première fois qu’ils reviennent en Belgique depuis la fin de la guerre, sur les traces d’un passé qui a changé le cours de leurs vies.

Le 507e régiment d’infanterie parachutiste, sous le commandement du colonel Edson Raff, fut la première formation d’assaut pour la 17e division aéroportée et fut par conséquent la première unité aéroportée américaine à atterrir dans le cadre de l’opération Varsity. La 17e division aéroportée était formée de 9 387 membres, à bord de 836 transports C-47 Skytrain, de transports C-46 Commando et de plus de 900 planeurs Waco CG-4 A.

Nous étions terrés dans un foxhole lorsque l’artillerie ennemie a ouvert le feu. C’était la première fois que je voyais mourir l’un de nos gars, là, juste à côté de moi. C’était une expérience nouvelle pour moi. Par la suite, nous avons vu beaucoup de morts sur le champ de bataille.

Lorsqu’ils pénètrent dans le bois de la paix, leurs regards s’arrêtent sur les noms des vétérans américains gravés sur des plaquettes situées au pied des arbres. Lorsqu’est déposée au pied de « leurs » arbres la plaquette portant leur nom, chacun ne contient plus l’émotion retenue depuis le début du voyage. Leurs noms sont désormais à jamais gravés au cœur de cette commune belge qui, sans le courage de ces hommes, aurait basculé dans le camp allemand durant l’hiver 1944-1945.

Cérémonie d’hommage aux vétérans de la 17th Airborne Division devant l’église de Houmont, haut lieu des combats de cette division.

L’association « 101st Airborne Belgian Friendly » existe depuis 1973. Dès le départ, le parti fut pris de représenter la 101st Airborne Division, qui à l’époque, n’avait pas la renommée qu’elle a aujourd’hui. Pendant ces nombreuses années, les membres et cadres se succédant n’ont eu de cesse que d’améliorer la qualité du groupe.
Aujourd’hui, les membres de l’association travaillent ensemble pour représenter au mieux des dizaines d’autres unités américaines ayant combattu sur le théâtre européen.
C’est en 2010 que cette association belge découvre l’histoire de la 17th airborne Division. Real Desmarets voyage aux Etats-Unis et rencontre un vétéran de cette division : Curtis Gadd. Une amitié profonde se lie entre les familles belges et américaines. A son retour sur le sol belge, Real Desmarets fait part de son expérience à ses camarades de l’association. L’association décide alors d’organiser une marche en souvenir de cette unité oubliée : le « Dead man’s ridge walk ». Chaque année, les bénéfices de cette marche ainsi que les soupers de l’association serviront intégralement à financer le retour d’un autre vétéran de la 17th Airborne Division qui sera présent à la marche.

Moins connue que ses deux grandes soeurs que sont les 82nd et 101st Airborne Division par le simple fait qu’elles se sont distinguée au cours de la Seconde Guerre mondiale, lors du débarquement en Normandie en juin 1944 , la 17th Airborne n’a pas démérité. Engagée dans la Seconde Guerre Mondiale de 1942 à 1945, elle participa à trois campagnes. Durant ces 45 jours de combat, elle va totaliser plus de 6 .130 victimes pour un effectif de départ de plus ou moins 100.000 hommes.

Pour Cindy Gadd, Il est très important de passer par les endroits où son père est passé. « Cela a une tout autre dimension. Il a fallu attendre que mon père vienne en Europe en 2010 pour avoir toute son histoire. » Curtiss Gadd a traversé les villages de Celli, Bertogne, Compegne, Lavigny, Steinbach, Eschweiler et le 29 janvier 1945, Enscherange.Curtiss Gadd fut blessé lors de la bataille des Ardennes à la tête.

Le lieutenant Telesca est décédé lors de notre premier jour de combat. Nous étions près de Bastogne. Nous progressions dans un champ, prêts à combattre, lorsqu’un obus l’atteignit à la poitrine. Il portait dans sa poche une grenade au phosphore qui explosa et il brûla jusqu’à la mort. Il avait reçu le matin même une lettre lui annonçant qu’il était père d’une fille.

Au cimetière militaire américain de Luxembourg-Hamm, Lynn Aas est impression devant les 5.076 tombes de soldats américains tombés lors de la Bataille des Ardennes pendant l’hiver 1944/45.

A mon arrivée dans les Ardennes, toute la campagne environnante était ensevelie sous 60 centimètres de neige. L’hiver 44-45 fut l’un des plus rigoureux que j’aie connu avec des températures allant jusqu’à -28°C.

Du haut de ses 90 ans, ce vétéran américain affronte bravement le froid et la brise glaciale en ce jour commémoratif. Des conditions climatiques qui le plongent 68 ans en arrière. Le moment est empreint d’émotion pour lui. C’est la première fois qu’il revient en Belgique depuis la fin de la guerre, sur les traces d’un passé qui a changé le cours de sa vie.

Normalement, nous aurions dû recevoir des chaussures de neige et des pantalons adaptés, mais ils étaient probablement restés dans un dépôt. Nous avions les pieds mouillés parfois durant une semaine et nous n’avions pas souvent l’occasion de changer de chaussettes. Je n’ai jamais eu aussi froid de ma vie. Mes mains et mes pieds en souffrent encore aujourd’hui

Le 7 janvier, une seconde grande attaque fut menée, action lors de laquelle John reprit le commandement de son squad, suite au décès de son Sergeant à Rechrival. À partir du 12 janvier, le régiment réussit à percer sur la crête à Flamièrge avant de continuer par Gives, Bertogne, Compogne, Mabompré, Tavigny et Limerlée. Il franchit la frontière grand-ducale le 22 janvier à Hautbellain. Le 27 janvier, John fut transporté à Pintsch où il resta en réserve divisionnaire. Du 5 au 10 février, il effectua des patrouilles sur la rive ouest de l’Our pour maintenir les Allemands en alerte. Le régiment fut finalement retiré des lignes le 10 février.

Nous avons été repérés sur une crête et bombardés par les Allemands. La communication par fil téléphonique fut rompue et, ne donnant plus signe de vie, on nous a crus morts. Mais, à l’aube, nous avons pu rejoindre nos lignes sains et saufs

A la veille du 70 ème anniversaire de la Bataille des Ardennes, John W. Leather, vétéran de la 17th Airborne, revient en Belgique sur les traces de son parcours de soldat. Il décédera quelques mois après son retour à Bastogne en mars 2014. Dans le Bois de la Paix, des fleurs ont été déposées sur la plaque portant son nom au pied d’un arbre lors de la commémoration du 70e anniversaire de la Bataille des Ardennes.
Le 11 février 1945 en soirée, John rejoignit Châlons-sur-Marne en France, pour se préparer à l’opération “Varsity”. Il fut alors promu Staff Sergeant. Le 24 mars, le planeur le transportant se posa au nord-est de Wesel, en Allemagne ; l’objectif étant l’établissement et la sécurisation d’une tête de pont préalable au franchissement du Rhin par les troupes terrestres alliées. Ce jour-là, il fut blessé au pied par un éclat d’obus de char allemand. Il séjourna au 28th General Hospital installé à Liège avant de réintégrer sa compagnie, au début du mois de mai, lorsqu’elle stationnait à Essen. John perquisitionna alors des maisons à la recherche d’armes prohibées.

La 17e Airborne est vraiment une division qui a été oubliée! C’est très pénible de s’imaginer qu’on n’a même pas eu un peu de gloire. j’attrape un magazine qui parle de la seconde guerre mondiale et ne mentionne que la 82 eme et la 101 eme et notamment de la 13eme qui se trouvait dans le Pacifique mais où est la 17eme airborne?

Après réorganisation, le 7 janvier 1945, l’autre mouvement visa à s’emparer des collines et des champs au sud de Flamièrge un endroit qui allait bientôt devenir la « Crête de l’Homme mort ». La progression se déroula bien mais les hommes furent soumis à un pilonnage d’artillerie et de chars allemands. La radio SCR-300 que Wayne portait sur son dos fut détruite par des éclats d’obus, ainsi que son casque.
Avec l’aide d’une responsable du cimetière, Tony Glavan se dirige avec émotion vers la tombe de son oncle décédé lors de la Bataille des Ardennes. A travers son voyage en Europe, il honore les 6 frères qui ont combattu pendant la seconde guerre mondiale. Trois des frères aînés de Fred étaient déjà mobilisés en Europe, tandis que deux autres avaient été envoyés combattre les Japonais.
Le 12 février 1945, John rejoignit Châlons-sur-Marne, en France, et se prépara à l’opération « Varsity ». Il passa à la compagnie D, toujours dans un peloton de mortiers lourds et devint conducteur d’une jeep. Le 24 mars, le planeur transportant John se posa au nord-est de Wesel, en Allemagne, l’objectif étant la prise du canal de l’Issel. Au cours de la campagne qui suivit, John passa par Münster, Hamm, Mülheim et finit la guerre en occupant Duisburg.
Grégory Decock, membre de l’association vient de découvrir dans le fond d’une grange de Wesel une relique de l’opération Varsity: un morceau d’un planeur américain.
Lotty Chipago, petite fille du vétéran Daniel Chicago exibe des suspentes de parachutes trouvées sur le bord d’un mur d’une ferme.

Durant la durée de mon reportage pendant plus de 5 ans, tous ces vétérans revenus en Belgique m’ont confié la frustration qu’ils avaient de se sentir oubliés par rapport à leurs camarades des autres unités.

Grâce au témoignage d’un camarade de son père, cet orphelin qui n’a jamais connu son père a pu retrouver, grâce à une photo parue dans le magazine Life, l’endroit exact où fut tué devant cette ferme allemande.

A l’heure où ils ne restent plus que quelques survivants pour témoigner de ce passé oublié, le travail de mémoire de l’association belge reste aujourd’hui primordial pour remettre la lumière sur cette division oubliée.