Une bruine glaçante tombe sur Bruxelles en cette nuit du 1er décembre. Les flaques d’eau s’accumulent devant les bureaux de l’Office des étrangers. Premier étape obligatoire pour ces migrants fraichement arrivés. Les bureaux ouvrent à 8 heures du matin et le nombre de places est limité. Des silhouettes fantomatiques attendent ainsi toute la nuit sous la pluie et sans sanitaires.
Abdel, lui, se tient toujours au début de la file. Il observe la scène du coin de l’œil. “Encore deux heures à tenir et je pourrai enfin être au sec et avoir un accès aux sanitaires”, annonce-t-il d’un air soulagé. Pourtant, il semble plus inquiet qu’il y a trois heures. “Ce moment est très important pour moi.
Mon avenir se joue aujourd’hui, dans cette file. Dans deux heures, si j’ai de la chance, je pourrai être interrogé et les dés seront jetés”, dira-t-il avant de s’accroupir et se couvrir entièrement avec sa couverture jusqu’à disparaître complètement.