Minorité parmi les minorités, le peuple kurde yézidi originaire du nord de l’Irak a connu au cours de son histoire de nombreuses vagues de persécutions. Tantôt tolérés tantôt faisant l’objet de répressions, les Yézidis ont été, à partir d’août 2014, directement visé par l’idéologie de Daech et ses atrocités. La population a été décimée, des milliers de femmes enlevées et réduites à l’état d’esclaves sexuelles, des hommes exécutés et de nombreux enfants convertis en enfants soldats appelés « lionceaux du califat ». Ceux qui ont pu fuir (420.000 personnes) ont trouvé refuge dans des camps ou se sont exilés. Alors que la majorité des Yezidis d’Irak tentent de fuir leur terre natale, c’est aussi tout un patrimoine ethnique qui risque de disparaitre. En Belgique, la communauté yézidie représente aujourd’hui entre 5000 et 6000 personnes, principalement installées à Liége.
Dans une vallée du nord de l’Irak, se niche le lieu le plus sacré des Yézidis : Lalesh. C’est en automne, lors du pèlerinage annuel que la communauté se rassemble. Délaissant leurs voitures, ils gravissent à pieds nus la route de macadam qui monte jusqu’au temple du Cheikh Adi. Commence alors la Fête de l’Assemblée, la plus importante de l’année.
Trois ans après l’invasion de Daech, la région a retrouvé un semblant de calme. Les pèlerins venus en masse sont pourtant beaucoup moins nombreux que les années précédant les atroces violences de l’Etat Islamique. Même si l’ambiance est joyeuse, la crainte d’un attentat reste omniprésente.
Temple de Lalesh Octobre 2017, Kurdistan Irakien. Ces pèlerins lient des nœuds dans un des tissus en soie colorés, en en déliant simultanément un autre. Le nœud délié assure qu’un pèlerin précédent qui a lié le nœud trouvera bientôt une solution rapide à son problème ou à son souhait. Trois ans après l’invasion de Daech, la région a retrouvé un semblant de calme. Les pèlerins venus en masse sont pourtant beaucoup moins nombreux que les années qui ont précédé les atroces violences de l’Etat Islamique. Même si l’ambiance est joyeuse, la crainte d’un possible attentat reste présente.
Temple de Lalesh Octobre 2017, Kurdistan Irakien. La superstition yezidi veut que si l’on arrive à faire le tour de cet arbre avec ses bras, le paradis les attends.
Temple de Lalesh Octobre 2017, Kurdistan Irakien. Un jeune bébé yezidi est baptisé par une femme de la caste des Pirs. L’au provient de la source sacrée de Lalesh : Zamzam ( qui porte le même nom que la source de la Mecque). Structurée en castes, la communauté yézidie vit traditionnellement repliée sur elle-même. Les mariages interreligieux sont interdits, de même qu’entre castes. Elle n’accepte pas les convertis. Mais elle s’ouvre progressivement à la modernité grâce aux jeunes générations. Dans l’enceinte du temple on trouve une pièce réservée au baptême. Cet enfant reçoit le sacrement du baptême d’une femme de la caste des Pirs. On le devient par ses parents. Les Pirs participent activement à la vie religieuse et sont aussi des conseillers familiaux.
Octobre 2017, Sanctuaire de Khidr, prés de la ville de Baadre. « Que Dieu protége les Yezidis et les peuples du monde » récite t-elle. Malgré les persécutions ces yezidis ont decidé de rester en Irak pour perpetuer les traditions d’une religion millenaire et préislamique. Minoritaires dans une région majoritairement musulmane ils ont préservé leur tradition en depit d’un certain denigrement. Certains sunites les considérent come des adorateurs du diable. Cette femme de la caste des Pirs est devenue Pir par sa mere. Elle transmet son savoir faire religieux et est considerée comme une guide spirituelle pour la communauté. La bougie symbolise l’incarnation du soleil sur la terre. Les yezidis n’ont pas de priere imposée mais les plus croyant le font 3 fois par jour face au soleil.
Temple de Lalesh Octobre 2017, Kurdistan Irakien. Une famille est venue pratiquer des rituels dans un temple. Un enfant embrasse une pierre qui représente la forme conique qu’on les toits des temples Yezidis. Les lignes font penser aux rayons du soleil très présent dans la religion yézidie. Les yézidis pratiquants font deux fois par jour une prière face au soleil.
Le peuple yézidi est un peuple victime mais aussi en résistance. La résistance est celle qui passe par les armes mais pas seulement. Malgré les menaces et le dernier génocide qu’ils ont subi, les Yézidis perpétuent leur tradition ancienne et continuent à se rendre au pèlerinage de Lalesh. En exil, les Yézidis se regroupent, apprennent la langue Kurmanji à leurs enfants nés sur un sol étranger et transmettent leur religion. Ce peuple resté discret, par tradition mais aussi par crainte de nouvelles attaques, est arrivé au-devant de l’actualité en 2014 lors de l’invasion de Daech. Il commence peu à peu à s’ouvrir et à dévoiler sa culture riche et complexe de tradition orale. En exil les jeunes Yezidis sont partagés entre modernité et le respect de leur tradition. Il est assez mal vu d’épouser quelqu’un d’extérieur a leur communauté et toute conversion à leur religion est interdite. Que ce soit en Irak ou en exil en Belgique, les Yézidis sont aujourd’hui confrontés à de nombreuses interrogations sur leur futur.
Liège, Belgique, Novembre 2017 Sorro et Zaher sont coiffeurs. Zaher est très investit dans la cause de son peuple. Il est coiffeur et… le traducteur du père Desbois. Il récolte les témoignages des rescapés en Irak depuis 3 ans. ‘C’est un choix difficile explique-t-il d’être militant je ne pouvais pas croiser les bras et regarder mon peuple se faire massacrer. J’entendais chaque jour les nouvelles : les personnes âgées et les enfants mourraient de soif sur la montagne (lors de leur fuite) » Maintenant il faut se rassembler et garder notre culture. Les minorités comme la nôtre sont des victimes. Ce n’est pas facile de quitter son pays. Sorro à côté est arrivé en Belgique seul, il est retourné récemment en Irak mais la plus part de ses amis ont quitté son village natal depuis l’attaque de Daech car ils ont peur d’une nouvelle attaque. Allemagne, Octobre 2017 Fête de mariage en Allemagne. Le couple qui se marie a tenu a préserver son anonymat mais a ouvert ses portes au photographe pour la fête de leur mariage. Il n’est pas rare que les yézidis liégeois de Belgique se marient en Allemagne. Les familles sont réparties des deux côtés de la frontière. Zerdest Agirman avec sa maman dans le quartier de Droixhe à Liège. Sa maman lui met le bracelet rouge et blanc , un rituel yezidi. Centre culturel Yezidi de Liège. Cours de langue kurde au centre culturel de Liège. Suleyman Agirman , président du centre culturel de Liège.