Un cimetière provisoire créé en 1919 au lendemain de la Grande Guerre et contenant encore des corps a été découvert en Meuse à l’occasion de fouilles archéologiques.
Dans la Meuse, Spincourt a fait l’objet de fouilles importantes. Une équipe de chercheurs de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) avait sur ce secteur des suspicions de vestiges protohistoriques.
Historiquement, on sait que les soldats sont morts en masse tel jour, sur tel secteur lors de tirs d’artillerie ou sous les obus, mais on ne sait pas comment ils sont morts individuellement
Bien que Spincourt ait connu les combats de la première guerre mondiale, l’Inrap (institut national de recherches archéologiques préventives) avait plutôt sur ce secteur des suspicions de vestiges protohistoriques. Mais au cours de ce diagnostic, « nous avons découvert des contenants en bois avec des ossements, des boutons d’uniforme français », décrit Frédéric Adam, archéo-anthropologue et responsable du chantier de Spincourt. La nécropole provisoire mise au jour à Spincourt réunit ainsi des sépultures isolées de combattants français tués sur le territoire de Spincourt en août 1914, et de nombreux squelettes retrouvés lors des grandes opérations de nettoyage des champs de batailles alentours à partir de 1919.
Un diagnostic archéologique réalisé en février avait permis d’identifier la présence d’un ancien cimetière militaire contenant encore des tombes de soldats français et alliés tués au combat lors de la Grande Guerre. Aujourd’hui, environ 450 cercueils en bois, dont un tiers renfermait la dépouille d’un ou de plusieurs soldats – jusqu’à une douzaine, parfois. Des nombreux objets ont pu être récupérés: baïonnettes, cartouches, monnaies, crucifix, médailles pieuses et chapelets, ceinturons, miroirs de poche publicitaires ou encore «du nécessaire à coudre pour rafistoler son uniforme»…
Le site compte aussi des petits ossuaires, des boîtes de 90 cm de long pour 40 de large, qui contiennent des tas d’ossements mélangés. Les registres font état de 864 corps enterrés dans cette nécropole (Français mais aussi alliés) dans 617 sépultures, « certains cercueils contiennent donc des restes de plusieurs soldats ». Aux ossements, se mélangent des effets personnels (médailles religieuses, appareil dentaire, etc.), des chaussures, des morceaux de tissus ou éléments métalliques des uniformes (boutons, cartouchières, etc.)
Le travail mené vise à déterminer qui sont ces personnes, à quel régiment elles appartenaient, comment elles étaient habillées, quel était leur état sanitaire et comment elles sont décédées.
Les archéologues ont mis au jour des fosses individuelles contenant un ou plusieurs corps, complet(s) ou partiel(s). Plusieurs fosses collectives, regroupant de quatre à soixante-cinq personnes, ont été retrouvées sur le site. Tous les corps ont été enterrés dans un contenant, un cercueil ou un ossuaire, de manière isolée ou groupée. Aux ossements, se mélangaient des effets personnels (médailles religieuses, appareil dentaire, etc.), des chaussures, des morceaux de tissus ou éléments métalliques des uniformes (boutons, cartouchières, etc.), des éléments de sépultures (couronnes funéraires, plaques,…).
Sur l’ensemble de ces sépultures, beaucoup sont des fosses individuelles dans lesquelles ont été retrouvés des squelettes, entiers ou partiels, d’un ou plusieurs soldats à la fois. Ont également été mises au jour des fosses collectives allant jusqu’à 65 combattants entassés, enterrés dans des cercueils et ossuaires, de façon isolée ou groupée. Les ossements sont transférés au laboratoire de l’Inrap à Metz où les squelettes seront reconstitués. Une fiche biologique sera établie pour chaque individu avec son âge supposé, sa stature, les traces éventuelles de pathologies traumatiques ou d’infections, puis comparée avec les archives militaires pour établir l’identité de la dépouille.
On est vraiment dans l’humain, on arrive à savoir de quoi ils sont morts, à les identifier, à remonter le fil
Cette découverte pose le problème de la gestion des morts de masse et du rôle des fossoyeurs de l’époque. Suite à la loi de 1920 visant à restituer les corps des soldats aux familles, une déclaration officielle stipule que le cimetière de Spincourt et l’ensemble des corps ont été transférés au cimetière de Pierrepont en 1924 ou rendus aux familles. Force est de constater qu’une grande partie des soldats ont été oubliés ou seulement partiellement prélevés.
Agenouillé dans une boue collante, Frédéric Adam, archéo-anthropologue, explore un cercueil en bois, rempli d’eau à cause des pluies. La neige des prochains jours décidera de la fin du chantier. Certains corps sont encore enfouis dans la terre. Les corps seront ensuite restitués aux familles s’ils sont identifiés ou rejoindront la nécropole de Pierrepont, où reposent déjà 3.758 combattants des deux guerres.
Un cimetière d’après-guerre qui fait le lien entre les champs de bataille et la nécropole, c’est la première fois qu’on en découvre un.
Les ossements sont transférés au laboratoire de l’Inrap à Metz où les squelettes seront reconstitués. Une fiche biologique sera établie pour chaque individu avec son âge supposé, sa stature, les traces éventuelles de pathologies traumatiques ou d’infections, puis comparée avec les archives militaires pour établir l’identité de la dépouille.
A chaque tombe, tout est repertorié par écrit sur le terrain et encodé en fin de journée par le chef du chantier dans l’ordinateur. Des photos seront prises également sur place pour être repertoriées dans l’ordinateur. En fin d’après-midi et pendant une bonne partie de la soirée, Frédéric Adam encode les différentes données notées par ses collègues. La taille de la tombe, la profondeur, la taille du cercueil et numérotations des caisses contenant les ossements ainsi que les photos prises par les archéologues seront encodées dans l’ordinateur.
C’est un travail entre l’histoire, l’archéologie, l’anthropologie et la médecine légale