Septembre 1915
Pour cette première journée de combat, chaque doigt de la Main aura couté une moyenne de 1000 hommes. Aujourd’hui, des bénévoles ont racheté ce terrain pour le ressusciter.
La Main de Massiges. Ce lieu de mémoire de la Première Guerre mondiale situé sur le territoire de la commune de Massiges dans le département de la Marne est une forteresse naturelle dominant la vallée de l’Aisne, cette colline située au nord du village doit son nom aux courbes de niveau qui dessinent sur le terrain et sur les cartes une main gauche. Les doigts en sont séparés par de profondes échancrures, que les combattants les voyant du fond de leur tranchée, ont appelé ravins.
Il fallait faire quelque chose en mémoire de ces hommes qui ont combattu et sont morts ici, ils étaient ennemis mais ont partagé les mêmes souffrances, il faut montrer ça aux gens
Eric Marchal, l’un des membres fondateurs de l’association » La Main de Massiges « , présente les tranchées de la Première Guerre mondiale, restaurées depuis 2008 avec l’aide des bénévoles de l’association pour faire vivre l’horreur des tranchées, dans les crêtes des Massiges. «Il fallait faire quelque chose en mémoire de ces hommes qui ont combattu et sont morts ici, ils étaient ennemis mais ont partagé les mêmes souffrances, il faut montrer ça aux gens», explique Eric Marchal, un ancien militaire féru d’histoire.
Lors de la Grande Guerre, la Main de Massiges marque la limite Est du front de Champagne, à la jonction du front de l’Argonne. Les Allemands se sont dès leur repli début septembre 1914, retranchés sur cette hauteur naturelle dont chaque doigt forme un bastion de cette forteresse naturelle. C’est sur cet obstacle que butent dès le 13 septembre 1914, les troupes du Corps d’Armée colonial de la 4e Armée française, qui participaient à la contre-offensive succédant à la première bataille de la Marne. Haut lieu des combats de Champagne, cette position stratégique a été le théâtre d’âpres combats de 1914 à 1915, et c’est tout au long de la Grande Guerre, de 1914 à 1918, des combats acharnés ont ainsi opposé les troupes du Corps d’armée coloniale à l’armée allemande dans le secteur de Massiges. On estime à 25 000 le nombre de soldats français tués, blessés ou disparus, et certainement autant de soldats allemands.
Les bénévoles passent leur temps libre à manier pelles et pioches pour mettre à jour le réseau de tranchées, les sapes et les postes d’observation occupés tour à tour par les troupes allemandes et françaises durant la première année de la Grande Guerre. Lors des travaux que l’association a menés, elle a découvert de nombreux objets qui nous permettent d’en apprendre davantage sur la vie quotidienne des soldats au front : casques, cartouches, fusils, têtes d’obus, paquets de pansements, peignes, bouteilles d’alcool, boîtes de conserve, boutons, médailles religieuses, paquets de cigarettes, baïonnettes, cisailles, couteaux, bouteilles de vin, gamelles, bidons, savonnettes. Les anciennes tranchées ont été recreusées, dégagées, inspectées avec minutie dans le cadre d’un véritable travail d’archéologie militaire, étayées et reconstituées avec leurs créneaux, leurs abris, leurs claies et leurs réseaux de barbelés.De nombreux objets ( armes, munitions, objets personnels ) ont été extraits de la craie, nettoyés et identifiés.
Le site envahi par les broussailles était tombé dans l’oubli. En 2008, l’Association de la Main de Massiges a été créée. Elle se consacre à la sauvegarde et à la mise en valeur du patrimoine de Massiges, en particulier d’une partie du champ de bataille pour en faire un lieu de la mémoire de la Première Guerre mondiale. L’Association a découvert les ossements de soldats allemands, français, des objets du quotidien des soldats (bouteilles, cartouches), des éclats d’obus et des fusils. Elle travaille actuellement à la consolidation (sol et parois) du goulet et des abris qui ponctuent le parcours de la Main de Massiges.
Vous photographiez la Vierge aux abeilles? Ca vous dirait de visiter mon petit musée dans le fond du jardin?
A quelques centaines de mètres de la main de Massiges, Albert Varoqier, 90 ans, a toujours véçu là. Sa maison est construite sur un des cimetières primitifs du village de Massiges. Au fond de son jardin, il conserve une collection d’objets qui témoigne de la dure vie qui fut la sienne.
Les poilus qui montaient en première ligne passaient devant la statue de la Vierge du village. Exposée aux projectiles, une balle perça son sein gauche et un essaim d’abeilles y trouva refuge. Les soldats impressionnés par cette renaissance la baptisèrent alors la Vierge aux abeilles. A quelques centaines de mètres de la main de Massiges, Albert Varoqier, 90 ans, a toujours véçu là. Sa maison est construite sur un des cimetières primitifs du village de Massiges. Au fond de son jardin, il conserve une collection d’objets qui témoigne de la dure vie qui fut la sienne.
Deux énormes tas de ferraille, atteignant chacun la hauteur d’un homme, rassemblant les ferrailles que sa force lui a encore permis de récolter ces 7 dernières années. Le marchand de vieux fer qui les lui rachetait est mort. Sa femme aussi. Alors, aujourd’hui, Albert continue à accumuler ces objets. Dans ses appentis et jusque dans ses caves, il entrepose les pièces qui ont de la valeur à ses yeux, et est capable d’expliquer l’histoire de chacune d’entre elles.
Au fond de son jardin, il conserve une collection d’objets qui nous permettent d’en apprendre davantage sur la vie quotidienne des soldats au front : poêle, casques, cartouches, fusils, têtes d’obus, paquets de pansements, peignes, bouteilles d’alcool, boîtes de conserve, boutons, médailles religieuses, paquets de cigarettes, baïonnettes, gamelles, bidons. Une vie entière de moissons de fer n’aura pas suffit à nettoyer entièrement ses champs. Combien de générations devront poursuivre ce travail ? Et qui deviendra le gardien de cette mémoire lorsqu’Albert aura disparu ?
Une vie entière de moissons de fer n’aura pas suffit à nettoyer entièrement ses champs. Combien de générations devront poursuivre ce travail ? Et qui deviendra le gardien de cette mémoire lorsqu’Albert aura disparu ?
Albert a une connaissance pointue sur chaque munition. Il explique le fonctionnement de chaque arme à ses invités qui viennent visiter une des collections les plus impressionnantes sur la Première guerre mondiale. Sur la table de sa cuisine, Albert a montre une autre passion: les impacts de balles ressemblant plus à une oeuvre d’art contemporaine qu’à une munition. Il s’amuse à imaginer des formes d’animaux ou des formes humaines.
Avec la collaboration d’Isabelle Masson Loodts, archéologue, historienne de l’art et journaliste spécialisée sur les questions environnementales de la Grande Guerre (www.paysagesenbataille.be)