Stigmatisé par la prostitution, vampirisé par les promoteurs immobiliers, longtemps méprisé par les pouvoirs publics à cause de sa population bigarrée, le quartier Nord, à Bruxelles, a su résister jusqu’ici à tous les assauts.
Tiraillés entre la tradition marocaine et la culture occidentale, certains de ses habitants sont emblématiques de la vie chahutée du quartier Nord. Les filles de joie à moitié nues de la rue d’Aerschot, qui aligne près d’une centaine de vitrines aguicheuses, côtoient les femmes voilées de la rue de Brabant, dont les échoppes d’épices orientales et de théières argentées exhalent un enivrant parfum de souk.
La beauté du quartier Nord, ce sont les gens!
Les jeunes du quartier Nord, dont on parle souvent avec préjugés et stéréotypes, flânent pour tromper leur ennui, sur les places du quartier devant les murs couverts de tags, expression de leur regard sur leur société, ou au pied de ces immeubles du quartier dont la froideur contraste avec leur fureur de vivre.
» La religion, je ne la sens pas pour l’instant. Je bois, je fume, je baise des meufs. Je ne suis pas un bon musulman » « Si je ne fume pas un bédo le soir, je n’aime pas! Prends-moi en photo! C’est notre réalité de tous les jours! »
J’aime bien le Quartier Nord mais dans vingt ans, ce sera comme dans le film de Luc Besson « Banlieue 13 »
Mohamed et Samir, devant une voiture volée dans une des rues longeant le chemin de fer Jeunes danseurs dans le hall de la Gare du Nord.
J’ai été contacté par la police de Saint-Josse et de Schaerbeek pour parler de la délinquance aux jeunes dans les écoles. Je vais accepter pour taper la morale!
La Rue de Brabant, connue par ses échoppes d’épices orientales et de théières argentées contraste avec celle de la rue d’Aerschot dont les vitrines affichent des femmes prostituées. Un des magasins de la rue de Brabant
Je n’accepte pas de string ou de bikini en vitrine, surtout avec trois écoles à côté!
Prostituée de la rue Linné: Je travaille que les matins parce que je suis une fille du matin et j’ai mes après-midi pour moi! » « J’ai déja eu une grand-mère qui m’a envoyé son petit-fils parce qu’il n’avait jamais rien fait avec une fille à 25 ans! Je ne me considère pas comme une prostituée mais plutôt comme une assistante sociale. »
Lorsqu’un gamin turc ou marocain demande à son père, occupé à chercher une place de parking, ce que fabriquent les dames dans les vitrines, il s’entend généralement répondre: « Elles vendent des maillots de bain! »
L’équipe du Projet Rousseau / SEPSUD au complet à la Résidence Nord. Ils travaillent ensemble à une meilleure cohésion sociale entre les habitants du quartier et les prostituées. Démonstration de prévention Sida au pré-fabriqué du Projet Rousseau-SEPSUD.
Ce qui est dit ici ne sort pas d’ici!
Sans forcément être croyantes, les prostituées sont attachées à la Madonne. Un symbole protecteur…
« Je n’accepte pas de string ou de bikini en vitrine, surtout avec trois écoles à côté! » Francine Aerts, agent de police.
« J’ai habité le quartier Nord pendant 23 ans et je reviens une fois par semaine pour revoir tout le monde! » Henriette et son chien Bingo. Elle habite le quartier depuis plus de quarante ans et a connu la rue de Brabant avec une physionomie bien différente. Son seul regret: la disparition du marchand de fromage au profit d’un vendeur d’antennes paraboliques.
Jean-Luc, le balayeur de rue est très apprécié dans le quartier. Johnny, lui, promet de voter pour le Vlaams Belang aux prochaines élections: « Pas du tout à cause des étrangers, assure-t-il. Je n’ai aucun problème avec eux. Mais pour emmerder les socialistes qui veulent interdire de fumer dans les bistrots! » Et le priver du seul plaisir qui lui reste, depuis sa retraite.
Le parc est de plus en plus menacé par les chantiers de nouveaux bureaux. On est comme un petit village qui résiste à l’envahisseur!